Marwan Barghouti
Portrait du Mandela palestinien.
8/7/20255 min temps de lecture


Jeunesse et engagement politique
Marwan Hasib Ibrahim Barghouti est né le 6 juin 1959 à Kobar, un village situé près de Ramallah en Cisjordanie. Il est Issu d’une famille profondément engagée dans la cause palestinienne, il grandit dans un contexte de tensions et de conflits liés à l’occupation israélienne. Très tôt, il s’implique dans la lutte politique, développant une conscience militante qui le conduira à rejoindre l’Université de Bir Zeit, un haut lieu de l’activisme étudiant palestinien. Il y obtient une licence en sciences politiques et économie et se fait un nom dans son milieu.
Ascension politique au sein du Fatah
Marwan Barghouti adhère officiellement au Fatah en 1974, à l’âge de 15 ans, alors qu’il est encore au lycée à Ramallah. En 1983, il est arrêté par Israël pour ses activités politiques et condamné à plusieurs années de prison. Après sa libération en 1984, il poursuit ses études à l’Université de Birzeit. En 1987, au début de la Première Intifada, il est de nouveau arrêté, puis expulsé par Israël en 1988 vers la Jordanie. Il y reste sept ans, jusqu’en 1994, période durant laquelle il vit entre Amman et Tunis, siège de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) dirigée par Yasser Arafat. Son exil prend fin après les Accords d’Oslo signés en septembre 1993. Bien qu’il ne soit pas l’un des négociateurs officiels, il est impliqué dans les discussions préparatoires et soutient publiquement l’accord au sein du Fatah. Il revient en Cisjordanie en avril 1994 avec Arafat et d’autres cadres de l’OLP pour mettre en place l’Autorité palestinienne. En 1996, il est élu au Conseil législatif palestinien pour représenter la circonscription de Ramallah sous les couleurs du Fatah. Pendant la Seconde Intifada (2000-2005), Barghouti devient à la fois un leader politique et un soutien actif aux Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, la branche armée du Fatah, qui revendique de nombreuses attaques contre des cibles israéliennes. Ce double rôle contribue à sa popularité dans la société palestinienne, mais aussi à son ciblage par Israël qui le considère comme un terroriste.


Arrestation et procès controversé
Au début de la seconde Intifada, déclenchée en 2000, Marwan Barghouti est considéré par Israël comme un leader influent de la révolte. Le 15 avril 2002, il est arrêté lors d’une opération militaire israélienne à Ramallah. Accusé d’avoir organisé des attentats meurtriers contre des civils israéliens, il est jugé lors d’un procès très contesté devant le tribunal de district de Tel-Aviv. Plusieurs observateurs dénoncent de graves manquements à l’équité, comme des entraves à la défense, des propos publics préjugeant de sa culpabilité, et des preuves souvent basées sur des témoignages obtenus sous pression. Bien que 21 témoins à charge ne l’aient pas incriminé et que certains l’aient même disculpé, il est condamné à cinq peines de prison à perpétuité.
Conditions de détention
Dès son arrestation en avril 2002, Marwan Barghouti a été transféré dans plusieurs prisons israéliennes, parmi les plus connues pour leurs conditions particulièrement dures, comme Megiddo, Ofer, Ayalon, Beer Sheva (Negev) et Hadarim. Les conditions dans lesquelles il est détenu sont extrêmes : isolement quasi total dans une cellule minuscule et sombre, parfois dépourvue de lit et sans fenêtre, avec un mobilier réduit au strict minimum. Ses sorties sont limitées à moins d’une heure par jour et les visites familiales, déjà rares, sont souvent empêchées par des restrictions administratives ou des retards imposés aux avocats. Depuis plus de deux décennies, Barghouti a subi plusieurs épisodes de violences physiques en détention. En décembre 2023 puis en mai 2024, il a été battu par des gardiens, traîné de force et frappé avec des bâtons, ce qui lui a causé des blessures aux côtes, au dos et à l’oreille. Le 9 septembre 2024, alors incarcéré à Megiddo, il a été victime d’une agression particulièrement violente, avec des fractures aux côtes, un bras brisé, une blessure à l’oreille droite et des douleurs dorsales persistantes. Les témoignages décrivent des traitements pouvant être assimilés à de la torture : isolement prolongé, privation de lumière, diffusion continue de musique forte, négligence médicale et usage régulier de la force physique.
Marwan Baghouti est encadré par des policiers israéliens alors qu'il est conduit vers un véhicule de police le 29 septembre 2003, il retourne en prison après avoir comparu devant un tribunal de Tel Aviv.
Une figure politique incontournable malgré l’emprisonnement
En 2006, depuis sa prison, Marwan Barghouti a été l’un des principaux auteurs du Document des prisonniers palestiniens. Ce texte, rédigé en collaboration avec des représentants du Hamas, du Front populaire de libération de la Palestine, du Jihad islamique et du Front démocratique de libération de la Palestine, appelle à l’unité nationale et à la création d’un État palestinien sur les territoires occupés en 1967. Ce document a marqué une étape importante dans la tentative de réconciliation entre les principales factions palestiniennes et a reçu un large soutien populaire.
Par ailleurs, Barghouti est connu pour son combat contre la corruption au sein de l’Autorité palestinienne, ce qui lui vaut autant de soutien populaire que de tensions avec certains responsables politiques. Sa relation avec le président Mahmoud Abbas est complexe et souvent marquée par des désaccords, notamment sur la manière de gérer le conflit avec Israël et la politique interne palestinienne. Si Abbas représente l’autorité en place, Barghouti incarne pour beaucoup une alternative, perçue comme plus proche des aspirations populaires et plus engagée dans la lutte pour la transparence et l’unité palestinienne.
Un leader perçu comme une alternative pour la paix
Surnommé le « Mandela palestinien », Marwan Barghouti est perçu comme un leader capable de rassembler son peuple et de relancer un processus de paix aujourd’hui au point mort. Israël refuse cependant toute négociation sur sa libération, craignant qu’il devienne un symbole fédérateur trop puissant. Sa libération est soutenue par de nombreuses organisations internationales et gouvernements, qui y voient un élément clé pour rétablir l’unité palestinienne et favoriser une résolution pacifique du conflit. Dans une lettre datant de 2015, il affirmait : « Le dernier jour de l’occupation sera le premier jour de paix », incarnant ainsi l’espoir d’un avenir meilleur malgré l’adversité.