Khalida Jarrar
Portrait d’une militante palestinienne et figure de la lutte pour les droits des prisonniers.
9/22/20254 min temps de lecture


Jeunesse et formation académique
Khalida Jarrar naît le 9 février 1963 à Naplouse, en Cisjordanie, alors sous administration jordanienne. Son enfance est bouleversée en juin 1967, lors de la Guerre des Six Jours, quand Israël occupe la Cisjordanie, Gaza, Jérusalem-Est, le Golan et le Sinaï. Pour Naplouse et sa région, cette guerre marque un tournant : l’armée israélienne prend le contrôle du territoire, les premières colonies s’installent progressivement autour de la ville et la population vit désormais sous loi militaire israélienne, avec couvre-feux, arrestations administratives et restrictions de mouvement. C’est dans ce contexte d’occupation prolongée que Jarrar grandit et forge sa conscience politique.
Sur le plan académique, elle poursuit des études supérieures à l’Université de Birzeit, l’une des institutions palestiniennes les plus actives intellectuellement et politiquement. Elle y obtient un master en démocratie et droits de l’homme, ce qui oriente définitivement son parcours vers la défense des prisonniers et la lutte pour les droits humains.
Engagement politique et défense des prisonniers
Membre du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), Jarrar devient rapidement l’une des principales voix du mouvement sur la scène politique palestinienne.
Le FPLP est un parti marxiste-léniniste fondé en 1967 par George Habache. Il constitue l’une des principales factions de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), dont il a longtemps été la deuxième force après le Fatah de Yasser Arafat. Historiquement, le FPLP a mené des actions armées, notamment des détournements d’avion dans les années 1970, ce qui a conduit plusieurs États (dont Israël, les États-Unis, le Canada et l’Union européenne) à le classer comme organisation terroriste.
En dépit de cette qualification, le FPLP conserve un rôle politique en Cisjordanie et à Gaza, où il est perçu par une partie de la population comme une force de résistance contre l’occupation israélienne.
Jarrar, au sein de ce mouvement, milite activement pour la libération des prisonniers palestiniens détenus par Israël, une cause centrale dans la société palestinienne. Elle occupe plusieurs postes importants, notamment celui de directrice de l’ONG Addameer, organisation de soutien juridique aux prisonniers.
Élue députée au Conseil législatif palestinien en 2006, Jarrar défend une ligne politique axée sur la justice sociale, l’émancipation des femmes et la fin de l’occupation. Elle s’illustre aussi par ses positions en faveur d’une adhésion pleine et entière de la Palestine à la Cour pénale internationale (CPI), afin de documenter et poursuivre les violations commises dans les territoires occupés.

Arrestations et détentions administratives
Khalida Jarrar est une figure emblématique de la résistance palestinienne, militante de la branche armée du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et ancienne membre du Conseil législatif palestinien. Elle a été arrêtée à plusieurs reprises par les autorités israéliennes depuis 1989.
En avril 2015, elle est incarcérée en raison de son appartenance au FPLP et de son incitation à la violence. Elle est condamnée à six mois de détention administrative, renouvelés à plusieurs reprises, sans inculpation ni procès. Cette pratique est légale en vertu du droit israélien, permettant la détention d’un individu jusqu’à six mois sans charge, sans procès et sans droit à un avocat, sur la seule base d'une présomption de menace pour la sécurité d'Israël.
En mars 2021, après avoir été détenue sans inculpation depuis 2019, Jarrar est condamnée à deux ans de prison dans le cadre d'un accord de plaidoyer. Elle a reconnu sa participation au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP)l. Cette peine faisait suite à 20 mois de détention administrative sans inculpation. Elle a accepté cet accord pour éviter un procès long et une peine pouvant atteindre sept ans. Elle a été libérée le 26 septembre 2021. Elle est libérée le 26 septembre 2021. Pendant sa détention, sa fille Suha, militante écologiste, décède subitement à l'âge de 31 ans. Les autorités israéliennes lui refusent la permission d'assister aux funérailles, une décision largement critiquée à l'international.
Le 26 décembre 2023, elle est de nouveau arrêtée à son domicile à Ramallah, en Cisjordanie, sans inculpation ni justification publique. Elle est placée en détention administrative à la prison de Damon, puis transférée en août 2024 à la prison de Neve Tirza, où elle est maintenue en isolement cellulaire dans des conditions extrêmement difficiles.




Libération et retour après le 7 octobre
Après les attaques du 7 octobre 2023 et l’escalade de la guerre de Gaza, les conditions de détention des prisonniers palestiniens, dont Khalida Jarrar, se sont considérablement durcies. Arrêtée en décembre 2023, elle a été placée en isolement prolongé dans la prison de Ramla, dans une cellule étroite sans fenêtre ni ventilation, avec une nourriture et un accès à l’eau extrêmement limités.
Elle a finalement été libérée le 20 janvier 2025 dans le cadre d’un échange de prisonniers lié à un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Lors de son retour à Ramallah, ses proches ont décrit une femme affaiblie, le teint pâle, les cheveux blanchis et la voix brisée par les mois d’isolement. Elle-même a témoigné du choc émotionnel de sa libération, entre le soulagement de retrouver la liberté et la douleur face aux souffrances vécues en détention et à celles que continuent d’endurer de nombreux prisonniers palestiniens. Dès ses premiers jours, elle a dénoncé les mauvais traitements, l’isolement extrême et les conditions inhumaines.
Sources
Amnesty International — Israel/OPT: Further Information: Palestinian Lawmaker Released: Khalida Jarrar
Amnesty International — Lawmaker’s Administrative Detention Renewed, Khalida Jarrar
Human Rights Watch — Dispatches: Israel Locks Up Palestinian Lawmaker
Human Rights Watch — Born Without Civil Rights: Israel’s Use of Draconian Military Orders
Al Jazeera — Who are the Palestinian prisoners released by Israel?
Truthout — Held in Isolation, Palestinian Leader Khalida Jarrar Faces Torturous Conditions
ICHR — ICHR condemns the torture of the PLC member, Khalida Jarrar
sraeli court sentences Khalida Jarrar to two years in prison — Mondoweiss
Khalida Jarrar — Wikipedia